mardi 6 août 2013

Mr. Vertigo

Paul Auster (Etats-Unis)


Ma lecture:

J'ai déjà beaucoup lu de romans de Paul Auster (Moon Palace, Le voyage d'Anna Blume, Le livre des illusions...) mais Mr. Vertigo est à part dans l'oeuvre de l'écrivain américain.

Certains de ses thèmes de prédilection y sont néanmoins abordés (l'absence du père, le baseball, la culpabilité, la souffrance...) mais on est ici dans un conte initiatique que n'aurait pas renié les maîtres du genre que sont Grimm et Andersen. On entre dans le roman comme par magie, porté par la main de Paul Auster sans possibilité d'échapper à cette fabuleuse histoire.

Quelle épopée! On débute lorsque Walt Rawley a 9 ans; il est abandonné par ses parents adoptifs et recueilli par Maître Yéhudi qui le met devant un choix de vie:

« Tu es moins qu'un animal. Si tu restes où tu es, tu seras mort avant la fin de l'hiver. Si tu viens avec moi, je t'apprendrai à voler. »

Nos 2 héros vont vivre des aventures extraordinaires mais traverser aussi les horreurs du début du XXème siècle aux Etats-Unis:

- le Ku-Klux Klan et la répression des noirs
- la misère de certaines régions américaines
- la crise boursière de 1929
- la mafia, les gangsters, les trafics en tout genre (alcool, armes, prostitution...)



La force du roman tient dans un subtil mélange entre personnages attachants ("madame Sioux", Esope, Mrs. Witherspoon), répugnants (Oncle Slim), affligeants (Dizzy Dean, star déchue de baseball) et une succession d'aventures extraordinaires.



Il y a plusieurs épisodes importants dans l'histoire mais je n'en mentionnerais que 2 pour ne pas trop spoiler:

- l'arrêt des lévitations de Walt pour cause d'entrée dans le monde adulte; l'apparition de symptômes pubertaires se fait en parallèle de maux de tête post-lévitation

- la vengeance de Walt contre l'Oncle Slim qui le libère de ses engagements vis-à-vis de Yéhudi

Ce n'est sans doute pas le meilleur roman de Paul Auster mais il se classe parmi les 3 premiers et est certainement le plus atypique. Pour moi, ce fût un grand moment de lecture que je vous conseille de découvrir au plus vite.

Le début:

 « J'avais douze ans la première fois que j’ai marché sur l’eau. L'homme aux habits noirs m’avait appris à le faire… »

Quatrième de couverture:

" J'avais douze ans la première fois que j'ai marché sur l'eau. L'homme aux habits noirs m'avait appris à le faire, et je ne prétendrai pas avoir pigé ce truc du jour au lendemain. Quand maître Yehudi m'avait découvert, petit orphelin mendiant dans les rues de Saint Louis, je n'avais que neuf ans, et avant de me laisser m'exhiber en public, il avait travaillé avec moi sans relâche pendant trois ans. C'était en 1927, l'année de Babe Ruth et de Charles Lindbergh, l'année même où la nuit a commencé à envahir le monde pour toujours. J'ai continué jusqu'à la veille de la Grande Crise, et ce que j'ai accompli est plus grand que tout ce dont auraient pu rêver ces deux cracks. J'ai fait ce qu'aucun Américain n'avait fait avant moi, ce que personne n'a fait depuis. " Précipité par ce premier paragraphe dans un récit d'une prodigieuse virtuosité narrative - les modèles d'Auster furent Grimm et Andersen - le lecteur découvre, du Ku Klux Klan au gangstérisme, quelques facettes étranges de cette Amérique que l'écrivain n'a pas fini de nous révéler.



Editions Babel (1995) - 400 pages


lundi 5 août 2013

Livra'deux pour pal'Addict - 6ème édition

Et oui, il s'agit déjà à la 6ème édition de Livra'deux pour pal'Addict organisée par Galleane sur Livraddict.



J'ai déjà participé avec grand plaisir à 3 éditions et je me fais une joie de participer à celle-ci.
Je repars donc cette fois avec un nouveau binôme puisque je me suis associé à Erika dont le blog est intitulé: "Pages après pages". Ma partenaire est très active sur Twitter et cache ses jolis yeux sous de grandes lunettes de soleil et le pseudo @PE_Erika.

Le principe est simple:

En binôme, chacun choisi dans la PAL de l'autre, trois livres :
* Qu'il a lu et aimerait faire découvrir à son partenaire
* Dont il aimerait avoir l'avis d'un ami
* Des titres qui vous interpellent pour leur résumé...

Sur ces trois livres, vous en choisissez un et dans un délai imparti, vous devez le lire et en faire un avis.
Les dates:
1. Vous avez jusqu'au 15 Août pour vous inscrire, en binôme ou au tirage au sort.
*Pour les binômes tirés au sort, vous aurez le nom de votre partenaire peu après le 15.
2. Le challenge se termine le 31 Octobre, ce qui nous laisse pas mal de temps pour la lecture.

Comme d'habitude, je me dois de préparer à ma partenaire de binôme un menu digne d'un repas de fête et je n'ai pas pu m'empêcher de lui faire une liste d'enfer...

Erika devra choisir entre:

L'étranger d'Albert Camus (un grand classique, à lire une fois au moins dans sa vie...)



Le début:
"Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier.
L’asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d’Alger. Je prendrai l’autobus à deux heures et j’arriverai dans l’après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir. J’ai demandé deux jours de congé à mon patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il n’avait pas l’air content. Je lui ai même dit : « Ce n’est pas de ma faute. » Il n’a pas répondu. J’ai pensé alors que je n’aurais pas dû lui dire cela. En somme, je n’avais pas à m’excuser. C’était plutôt à lui de me présenter ses condoléances. Mais il le fera sans doute après-demain, quand il me verra en deuil. Pour le moment, c’est un peu comme si maman n’était pas morte. Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout aura revêtu une allure plus officielle."

La liste de mes envies de Grégoire Delacourt (un petit bijou à faire monter les larmes...)




Le début:
"On se ment toujours.
Je sais bien, par exemple, que je ne suis pas jolie. Je n’ai pas des yeux bleus dans lesquels les hommes se contemplent ; dans lesquels ils ont envie de se noyer pour qu’on plonge les sauver. Je n’ai pas la taille mannequin ; je suis du genre pulpeuse, enrobée même. Du genre qui occupe une place et demie. J’ai un corps dont les bras d’un homme de taille moyenne ne peuvent pas tout à fait faire le tour. Je n’ai pas la grâce de celles à qui l’on murmure de longues phrases, avec des soupirs en guise de ponctuation ; non. J’appelle plutôt la phrase courte. La formule brutale. L’os du désir, sans la couenne ; sans le gras confortable.
Je sais tout ça."

Kafka sur le rivage de Haruki Murakami (un Grand Monsieur du roman contemporain)



Le début:
"— ET POUR L’ARGENT, ÇA S’EST ARRANGÉ ? demande le garçon nommé Corbeau.
Il parle de sa façon habituelle, un peu lente. Comme quelqu’un qui sort à peine d’un profond sommeil et ne peut remuer ses lèvres tant elles sont engourdies. Mais ce n’est qu’une apparence : en réalité, il est parfaitement lucide. Comme toujours.
Je hoche la tête.
— Tu as combien à peu près ?
Je lui réponds après avoir à nouveau passé les chiffres en revue dans ma tête :
— Environ quatre cent mille en liquide. Sans compter une petite somme que je pourrai retirer avec ma carte bancaire. Ça ne suffira peut-être pas mais c’est un bon début."

J'espère que cette liste plaira à Erika. Cela permet en tous cas d'avoir un choix de lecture variée et de faire diminuer un tout petit peu sa PAL.

Bon amusement à toi et à bientôt pour les chroniques.

vendredi 2 août 2013

Test

Test - Newsletter


Premier essai

La Princesse des glaces

Camilla Läckberg (Suède)



Ma lecture:

Premier épisode de la célèbre saga policière autour de 2 personnages:

- Erika Falck, la trentaine, écrivain spécialisée dans les biographies. C'est elle qui découvre le cadavre (forcément, c'est un polar et donc, il y a un cadavre ;) )

- Patrik Hedström, le flic (Ah, vous aviez deviné!). Taciturne, beau gosse aussi.

La Princesse des glaces est un policier relativement classique mais de très haut niveau. Les personnages principaux mais aussi secondaires sont très bien décrits, on a beaucoup de détails sur leur psychologie, leurs comportements. On a même droit aux petits secrets de famille, un peu comme dans le premier volet de "Millenium".

L'ambiance est froide, électrisante; j'ai vraiment très envie de découvrir les paysages du grand Nord. J'ai vu en lisant ce roman, les fjords (c'est en Norvège les fjords, pas en Suède!), les montagnes de sapins, la neige, les congères, les lacs de montagne...


Le style de Camilla Läckberg est tout en finesse, concis; elle sait où elle va mais elle n'y va pas directement. Elle arrive à nous manipuler, à nous emmener sur des fausses pistes, à croire l'incroyable aussi.

Il y a aussi nos 2 protagonistes qui vont à un moment se rencontrer, travailler ensemble, et même voire plus si affinités. On va en plus découvrir leurs passés respectifs ce qui mettre en valeur leur relation naissante.

J'ai beaucoup aimé l'histoire et je n'hésiterais pas à rempiler pour un second épisode (il y en a 6 déjà). Surtout pour Erika Falck, mélange de Gaby (Desperate Housewives) et de Miss Marple même si je suis convaincu que Camilla Läckberg n'a pas du tout pensé à ce duo :)

Un Coup de Cœur dans le genre.

Quatrième de couverture:

Erica Falck, trente-cinq ans, auteur de biographies installée dans une petite ville paisible de la côte ouest suédoise, découvre le cadavre aux poignets tailladés d'une amie d'enfance, Alexandra Wijkner, nue dans une baignoire d'eau gelée. Impliquée malgré elle dans l'enquête (à moins qu'une certaine tendance naturelle à fouiller la vie des autres ne soit ici à l'œuvre), Erica se convainc très vite qu'il ne s'agit pas d'un suicide. Sur ce point - et sur beaucoup d'autres -, l'inspecteur Patrik Hedström, amoureux transi, la rejoint. 

A la conquête de la vérité, stimulée par un amour naissant, Erica, enquêtrice au foyer façon Desperate Housewives, plonge clans les strates d'une petite société provinciale qu'elle croyait bien connaître et découvre ses secrets, d'autant plus sombres que sera bientôt trouvé le corps d'un peintre clochard - autre mise en scène de suicide. 

Au-delà d'une maîtrise évidente des règles de l'enquête et de ses rebondissements, Camilla Läckberg sait à merveille croquer des personnages complexes et - tout à fait dans la ligne de créateurs comme Simenon ou Chabrol - disséquer une petite communauté dont la surface tranquille cache des eaux bien plus troubles qu'on ne le pense.


Editions Babel Noir (2012) - 509 pages