Katarina Mazetti (Suède)
Ma lecture:
Et un roman « nordique » de plus. Katarina Mazetti
est bien suédoise malgré son nom à consonance plutôt italienne.
Le mec de la tombe d’à côté est l’histoire d’une rencontre (au
cimetière, curieux, non ?) entre deux êtres qui n’ont rien mais vraiment
rien en commun :
- Elle, Désirée, bibliothécaire, maigrichonne, plutôt
aseptisée, amoureuse de la culture et des belles choses comme la poésie, le théâtre,
l’opéra.
- Lui, Benny, a repris la ferme familiale, seul, un peu rustre.
Il n’a plus que trois doigts à la main gauche, dégage une forte odeur, ne s’intéresse
qu’à ses occupations très réglées ou aux progrès des machines agricoles.
Bref, deux personnes qui n’ont rien en commun et qui ne
feront jamais un couple qui dure. Enfin c’est ce qu’on peut penser. Mais quel
pourrait être le ciment de ce couple insolite ? Le sexe clairement au
départ ; ils sont assez vite sur la même longueur d’onde à ce niveau. L’envie
de combler la solitude ; évidemment mais pour cela il faudra un jour ou l’autre
cohabiter, vivre ensemble. Mais est-ce vraiment possible ?
Je vous laisserais le découvrir par vous-mêmes…
L’écriture de Katarina Mazetti est très fraîche, comique,
touchante ; elle aborde des sujets pas forcément simple avec beaucoup d’humour :
Les divergences culturelles: difficile de ne pas les
lier à la classe sociale dans le cadre de ce roman mais ce n’est pas l’objet du
livre et puis, c’est loin, très loin d’être si systématique. Je connais pas mal
de personnes, socialement haut placées d’une inculture sans fond et à l’opposé,
de simples ouvriers férus de littérature ou de théâtre…
La solitude et ses dérives: la vieille bibliothécaire qui confectionne des dossiers sur toutes ses connaissances, amis, collègues ferait un excellent sujet de psychanalyse.
La vie de couple en général. Il y a plusieurs couples dans
ces pages :
- Désirée et son défunt mari, Örjan : le couple fusionnel mais
sans folie
- Violette et Bengt-Goran, fermier reconverti: le couple ouvert mais
complètement irresponsable
- Martha et Robertino : le couple qui éclate
- Désirée et Benny : le couple improbable
Ma description est par contre, beaucoup plus caricaturale
que dans le roman où chaque anecdote, chaque évènement leur donne une profonde
réalité joyeuse, pathétique et même dramatique.
Seul petit défaut à déplorer selon moi ; il y a
quelques longueurs dans la deuxième partie juste après leur dispute… Sinon, le
final est très « ouvert » et donne envie de se plonger dans la suite :
« Le caveau de famille ».
Le début:
"Méfiez-vous de moi !
Seule et déçue, je
suis une femme dont la vie sentimentale n’est pas très orthodoxe, de toute
évidence. Qui sait ce qui pourrait me passer par la tête à la prochaine lune ?
Vous avez quand même
lu Stephen King ?
Juste là, je suis
devant la tombe de mon mari, assise sur un banc de cimetière vert bouteille
lustré par des générations de fesses, en train de me monter la tête contre sa
dalle funéraire."
Quatrième de couverture:
Désirée se rend régulièrement sur la tombe de son mari, qui a eu le
mauvais goût de mourir trop jeune. Bibliothécaire et citadine, elle vit
dans un appartement tout blanc, très tendance, rempli de livres. Au
cimetière, elle croise souvent le mec de la tombe d'à côté, dont
l'apparence l'agace autant que le tape-à-l'œil de la stèle qu'il fleurit
assidûment. Depuis le décès de sa mère, Benny vit seul à la ferme
familiale avec ses vingt-quatre vaches laitières. Il s'en sort comme il
peut, avec son bon sens paysan et une sacrée dose d'autodérision. Chaque
fois qu'il la rencontre, il est exaspéré par sa voisine de cimetière,
son bonnet de feutre et son petit carnet de poésie. Un jour pourtant, un
sourire éclate simultanément sur leurs lèvres et ils en restent tous
deux éblouis... C'est le début d'une passion dévorante. C'est avec un
romantisme ébouriffant et un humour décapant que ce roman d'amour tendre
et débridé pose la très sérieuse question du choc des cultures.
Éditions Babel (2009) - 253 pages