vendredi 23 novembre 2012

L'occupation

Annie Ernaux (France)


Ma lecture:

L'occupation est un roman très court qui nous plonge dans les affres d'une séparation. La narratrice et son mari se sont quittés il y a peu et cet homme s'est déjà remis en couple avec une autre.
Cette autre sera le sujet principal de ce livre. Ecrit à la première personne, on se met dans la peau ou plutôt l'esprit perturbé de la narratrice.

Elle mettra toute son énergie, tout son temps disponible, toute son imagination à savoir qui est cette autre femme, quel est son nom, son métier, quelles sont ses habitudes... Jusqu'à en devenir totalement obsessionnel, à en devenir sa principale et unique occupation.

Cette femme, la narratrice peut paraître détestable, à la limite de la folie mais certainement pas pitoyable. On ne peut la plaindre; elle ne tentera rien pour sauver son couple, pour récuperer son ex-mari. Non, rien. Seul compte son nouveau jeu, son occupation. Heureusement pour elle, l'écriture la sauvera et elle abandonnera sa quête pour, enfin, reprendre une vie "normale" ou presque.

Un roman simple, une écriture bien trempée, parfois crue, parfois très imagée. Sans originalité, sans humour et au final avec un goût de trop peu.
Il y a tellement de romans sur la jalousie qui ont plus à nous offrir:
- Les liaisons dangereuses de Choderlo de Laclos (hors concours bien entendu) - un vrai chef d'oeuvre
- Pierre et Jean de Guy de Maupassant - un autre grand classique
- L'insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera - autre roman inoubliable
- Le tunnel d'Ernesto Sabato - jalousie maladive jusqu'au crime

Et vous? Quel serait votre conseil?

Le début:

"J’ai toujours voulu écrire comme si je devais être absente à la parution du texte. Ecrire comme si je devais mourir, qu’il n’y ait plus de juges. Bien que ce soit une illusion, peut-être, de croire que la vérité ne puisse advenir qu’en fonction de la mort."

Quatrième de couverture:
 
«J'avais quitté W. Quelques mois après, il m'a annoncé qu'il allait vivre avec une femme, dont il a refusé de me dire le nom. À partir de ce moment, je suis tombée dans la jalousie. L'image et l'existence de l'autre femme n'ont cessé de m'obséder, comme si elle était entrée en moi. C'est cette occupation que je décris.»


Lu pour le Défi Cent Pages.



Editions Folio (2003) - 75 pages

mercredi 21 novembre 2012

Amazone

Maxence Fermine (France)


Ma lecture:

Je ne vais pas être totalement objectif pour ce roman. Depuis la lecture de Neige, il y a quelques années, je suis un vrai fan de Maxence Fermine. Et en tant que fan, je ne lui trouve quasiment pas de défauts.

Amazone est double; à la fois personnage réel humain et personnage, fleuve, décor de ce court roman. Et les deux sont d'une importance primordiale:

- Amazone Steinway qui, comme son nom l'indique, est pianiste.
- L'Amazonie, son ambiance moite, l'immense fleuve aux très nombreux affluents, perdu au bout du monde.

Il y a les couleurs aussi: le rouge du fleuve, le vert de la forêt tropicale, Amazone, le jazzman noir et ce fameux piano blanc bien sur. Tout ici est poésie. Des personnages attachants, pathétiques, déchus... peuplent aussi ce formidable paysage.



Amazone nous parle des erreurs d'un homme, Amazone Steinway, de ses rêves, de ses regrets et de l'importance du hasard dans sa vie et pourtant, comme pour une partition, rien, dans le texte n'est laissé au hasard. Maxence Fermine est un compositeur des mots époustouflants et même si Amazone est nettement moins fort, puissant que Neige, on ne peut que s'émouvoir devant un si beau texte.

Je vous l'avez dit: je suis fan et je le reste. Encore et toujours.

Quatrième de couverture:

"Le fleuve était rouge, le musicien noir et le piano blanc. Curieux tableau, en fait. Et l'ensemble avançait au même rythme que la musique, une musique qui glissait et se répandait dans la jungle comme un long serpent aux harmonies multicolores." Amazone ou l'étonnante odyssée d'un piano blanc au coeur de la forêt amazonienne: un voyage aux sources de la musique, de la folie et du rêve.



Éditions Le Livre de Poche (2006) - 224 pages

lundi 19 novembre 2012

Une place à prendre

JK Rowling (Angleterre)


Lu dans le cadre des matches de la rentrée littéraire organisés par PriceMinister. Un tout grand merci à eux pour m'avoir offert l'opportunité de découvrir ce premier roman post Harry Potter.

Ma lecture:

Premier roman "Adulte" pour JK Rowling et déjà un grand succès malgré les avis plutôt critiques des journalistes. Les bloggeurs, eux, sont plus divisés mais dans l'ensemble satisfait du résultat; les notes tournent autour des 15 ou 16 sur 20 que ce soit sur Livraddict, Booknode ou ailleurs.

De mon côté, j'ai vraiment beaucoup aimé ce roman. L'histoire démarre sans round d'observation et les personnages (nombreux) se mettent en place au fur et à mesure des chapitres. Et dès le début, l'intrigue est plantée: Barry Fairbrother meurt inopinément de cause naturelle et en tant que membre du conseil paroissial doit être remplacé. Pour lui succéder, nous assisterons à une lutte d'influences entre les différents candidats, à des manipulations parfois à la limite de la légalité, à la mise au grand jour de secrets inavouables...

Une place à prendre se lit vite malgré le poids du pavé (680 pages), le style est très cinématographique et aide à nous plonger au coeur du récit. Je trouve personnellement que c'est le grand point fort de JK Rowling; dès le début j'ai très facilement mis des visages sur les protagonistes, ou visualisé les endroits (Pagford, l'épicerie, l'hôpital, la maison des Weedon...). Pour un scénariste ou un réalisateur, ce style de roman doit vraiment être une aubaine à mettre en scène; par contre il faut le financer...

Les thèmes repris dans le livre sont aussi très actuels:
- la misère sociale et ses dérives: les conflits familiaux, les abus, sévices, la consommation de drogues. Même si lier ces dérives au milieu social est beaucoup trop simple de mon point de vue. Dans le roman également, certaines familles plus aisées (les Jawanda, les Price) sont aussi concernées.
- la politique: où (presque) tout les coups sont permis. Luttes d'influence, coups bas, dénonciations anonymes, retournement de vestes... Tout y passe. Par contre, il est difficile pour moi (et à mon sens pour la majorité des lecteurs francophones) de faire un lien avec le système politique britannique et donc, nous passons peut-être à côté de certaines allusions. Mais peu importe, ça ne gâche certainement pas notre plaisir.
- le racisme: par la présence d'une famille Sikh, les Jawanda, au sein de la communauté de Pagford, JK Rowling montre les difficultés d'être différents surtout pour Sukhvinder, la fille du couple, victime des sarcasmes des autres jeunes du village. Néanmoins, le rôle des Jawanda est important et celui de Sukhvinder s'avèrera crucial au dénouement de l'intrigue.


Pour conclure, Une Place à prendre est un grand roman, très actuel, loin de la fantaisie des Harry Potter et nous fait découvrir une nouvelle facette du talent indéniable de JK Rowling.

Je ne serais pas étonné qu'un second tome nous arrive assez vite vu les quelques portes ouvertes laissées tout au long du roman. Si l'un de vous a des révélations à faire, qu'il les partage en commentaires... Merci!

Ma note pour Price minister sera de 17/20. Le lien vers le roman est ici.

Quatrième de couverture:

Bienvenue à Pagford, petite bourgade anglaise paisible et charmante : ses maisons cossues, son ancienne abbaye, sa place de marché pittoresque… et son lourd fardeau de secrets. Car derrière cette façade idyllique, Pagford est en proie aux tourmentes les plus violentes, et les conflits font rage sur tous les fronts, à la faveur de la mort soudaine de son plus éminent notable.

Entre nantis et pauvres, enfants et parents, maris et femmes, ce sont des années de rancunes, de rancœurs, de haines et de mensonges, jusqu’alors soigneusement dissimulés, qui vont éclater au grand jour et, à l’occasion d’une élection municipale en apparence anodine, faire basculer Pagford dans la tragédie.



Éditions Grasset (2012) - 680 pages


jeudi 15 novembre 2012

Mille femmes blanches

Jim Fergus (Etats-Unis)


Ma lecture:

Afin de faciliter l’intégration de son peuple, le chef cheyenne « Little Wolf » propose au président des Etats-Unis, Ulysse Grant, un échange singulier : 1000 femmes blanches contre autant de chevaux ; ces femmes devenant épouses d’indiens et mères de leurs enfants  assureront la mixité des races et la paix entre les 2 nations.
Basé ou non sur un fait réel, Mille femmes blanches raconte l’acceptation de cette proposition et suit au travers des carnets de May Dodd la vie de certaines de ces femmes.
Se lancer dans une nouvelle vie au milieu des « sauvages » ne sera accepté que par des femmes qui n’ont rien à perdre : prostituées, recluses (prison, asile d’aliénés…).

Le point de départ de cette fiction est dur et amusant à la fois : dur puisqu’on se rend bien compte du peu d’importance accordé aux femmes de l’époque (le seul fait de l’internement de May Dodd pour un mariage non approuvé par ses parents) mais amusant de par la description des personnages secondaires (Euphémia, les sœurs Kelly, Helen Flight, Gretchen…).

Cette lecture doit aussi nous ouvrir les yeux sur certains thèmes toujours d’actualité :
-          La situation de la femme dans certaines cultures ; ici très contrastée entre le confinement au rôle de mère voire d’objet (May et le capitaine) et celui beaucoup plus ouvert au sein de la communauté cheyenne
-          L’exploitation des peuples et le cynisme politicien (les échanges alcool-chevaux-nourriture-armes)
-          Les religions et leurs dérives

Roman essentiellement féminin, bien qu’écrit par un homme, Mille femmes blanches ne sombre pas dans la romance douce-amère mais reste très réaliste, voire par moments assez cru et même très dur. Mais dès le début on peut se douter que rien de vraiment bon pour le peuple indien ne sortira de cette proposition et que le mot de la fin est connu d’avance. Pourtant malgré cela on s’attache énormément à May et aux autres femmes grâce à la superbe écriture de Jim Fergus.

Traité de Fort Laramie (1868)


Un excellent roman et l’espoir qu’un jour peut-être tous les peuples de la terre seront simplement des frères d’une même famille.

Le début:

Quand j'étais petit, à Chicago, je prenais malin plaisir à raconter le soir à mon jeune frère Jimmy toute sorte d'histoire à faire peur à propos de notre ancètre dérangée May Dodd. Celle-ci, après avoir été inetrnée dans un asile de fous, s'était enfuie pour vivre chez les indiens - c'est du moins l'étoffe relativement vague, mais facile à broder d'une légende familiale tenue secrète.

Quatrième de couverture:

En 1874, à Washington, le président américain Grant accepte dans le plus grand secret la proposition incroyable du chef indien Little Wolf: troquer mille femmes blanches contre chevaux et bisons pour favoriser l'intégration du périple indien. Si quelques femmes se portent volontaires, la plupart des "Mille femmes" viennent en réalité des pénitenciers et des asiles de tous les États-Unis d'Amérique... Parvenue dans les contrées reculées du Nebraska, l'une d'entre elles, May Dodd, apprend alors sa nouvelle vie de squaw et les rites inconnus des Indiens. Mariée à un puissant guerrier, elle découvre les combats violents entre tribus et les ravages provoqués par l'alcool. Aux côtés de femmes de toutes origines, May Dodd assiste alors à la lente agonie de soi, peuple d'adoption...



Editions Pocket (2011) - 506 pages

vendredi 9 novembre 2012

La déclaration, tome 1: L'histoire d'Anna

Gemma Malley (Angleterre)


Ma lecture:

Décidément, je multiplie les premières! Après mon premier Thilliez, mon premier Nicci French, voici mon premier roman "Dystopie"...
Pour ceux qui ne sont pas sortis de chez eux depuis bien longtemps, une dystopie est un récit de fiction qui décrit une société imaginaire organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur et contre l'avènement de laquelle l'auteur entend mettre en garde le lecteur. Le contraire d'une utopie en somme!

Bon, revenons à nos moutons.

La déclaration, tome 1: L'histoire d'Anna est un très joli roman jeunesse. Il n'y a pas grand chose à lui reprocher: c'est bien écrit, c'est rapide, il y a de l'action, les personnages bien que très peu décrits sont intéressants.

Mais que raconte "La Déclaration". Et bien c'est simple, nous sommes en 2140 (je vous fait le calcul, ce sera dans moins de 128 ans), et, comme vous pouvez vous en douter, le monde a bien changé.

La mort, la maladie n'existe plus; la pilule de Longévité est en vente dans les Monoprix :) mais, comme on ne fait pas d'omelettes sans casser des oeufs, il y a un hic: le surpeuplement (ben oui, c'est malin, ils auraient du y penser). Pour lutter contre ce nouveau fléau et pour recevoir cette fameuse pilule, il faut signer cette déclaration et renoncer à concevoir de nouvelles vies. Interdiction de faire des enfants! 



Évidemment, certains ne renonceront pas à ce droit à la vie et les enfants nés par désobéissance seront capturés, enlevés à leurs parents et confinés dans des foyers en tant que "Surplus" pour y apprendre à servir les "Légaux".

Anna est l'une de ces enfants sans parents, un "Surplus". Anna est bien intégrée dans le Foyer et en est même un des meilleurs éléments jusqu'à l'arrivée de Peter qui mettra à mal ses convictions.

Voilà en résumé le début de l'histoire. C'est assez simple mais efficace, on est très vite dans l'action; il y a peu de descriptions, peu de détails, c'est direct à l'essentiel... C'est un des reproches que je ferais à ce roman: on sait peu de choses finalement sur les lieux; les personnages. Il est même difficile de croire que cela se passe en 2140.

Autre point qui m'a ennuyé, ce sont les revirements, les doutes incessants des deux protagonistes (Anna surtout) mais j'imagine que c'est du à la difficulté de sortir d'une programmation en tant que "Surplus".

Finalement, ce fut une jolie première expérience et peut-être tenterais-je la suite ou une autre dystopie si vous en avez à proposer.

Le début:

"11 Janvier 2140.

Mon nom est Anna.
Mon nom est Anna et je ne devrais pas être là. Je ne devrais pas exister.

Pourtant j'existe."

Quatrième de couverture:

Angleterre, 2140.
Les adultes peuvent choisir de ne plus mourir s'ils renoncent à faire des enfants. Anna vit depuis presque toujours au Foyer de Grange Hall un pensionnat pour les Surplus, des enfants qui n'auraient pas dû naître, des enfants dont les parents ont défié la loi en les mettant au monde. Anna n'a plus de parents désormais. Confinée dans l'enceinte du pensionnat, elle travaille très dur, pour effacer leur faute.
Anna a tout oublié de son passé. Jusqu'au jour où arrive un jeune garçon qui semble la connaître. Mais qui est ce Peter ? Pourquoi ne la laisse-t-il pas tranquille ? Et pourquoi elle, Anna, se sent-elle soudain si troublée ?



Éditions Naïve (2007) - 366 pages


jeudi 8 novembre 2012

Jusqu'au dernier


Nicci French (Angleterre)


Ma lecture:

Comme pour "Le Syndrome [E]" de Franck Thilliez, "Jusqu'au dernier" est mon premier Nicci French. Et ici aussi, j'ai été bluffé.

Ce polar est écrit en deux parties: dans la première c'est Astrid, coursière de son état, qui nous narre ses aventures plutôt scabreuses. Victime d'un banal accident de la route en vélo, elle devient au début témoin de meurtres à répétition et finalement principal accusé qui aura bien du mal à se disculper totalement.

La seconde partie est racontée par le meurtrier himself et c'est là qu'est le principal intérêt du roman à savoir que l'habit ne fait (vraiment) pas le moine. Je ne vous en dirais pas plus pour ne rien dévoiler mais on ne peut vraiment pas se fier aux apparences qui sont ici manifestement trompeuses.

Au début de ma lecture, je pensais lire un remix des "Dix petits nègres" d'Agatha Christie dû au fait que les protagonistes principaux sont tous co-locataires mais l'histoire est plus complexe et habilement menée par notre duo d'écrivains. J'ai vraiment beaucoup aimé l'évolution des relations entre les colocs, la mise en scène qui utilise à merveille les lieux à disposition (la grande maison, les rues encombrées de Londres, les collines...). La scène où Astrid lance son vélo à travers la porte-fenêtre d'une cliente est d'anthologie; entre fou rire et stupeur.

Certaines critiques trouvent ce polar un peu lent mais il faut le temps d'installer les nombreux personnages, mettre en place les relations diverses entre eux, que le lecteur puisse se faire sa propre idée, qu'il essaie de deviner (mais ce ne sera pas simple) qui se cache derrière cette odieuse manipulation...

Bref, le style et le sujet sont bien différents du thriller scientifique de Thilliez, mais l'efficacité est identique; le lecteur impuissant est scotché à son fauteuil et en plus doit attendre les dernières pages pour enfin découvrir qui se cache derrières ces meurtres.


Et si vous avez d'autres polars de Nicci French à me conseiller, je suis preneur! Merci à vous.

Le début:

" Cela faisait des semaines, des mois, que je sillonnais Londres à vélo, et je savais qu’un jour j’aurais un accident. La seule question qui se posait était : de quel type ? L’un des autres coursiers filait dans Regent’s Street lorsqu’un taxi avait brusquement viré pour faire demi-tour sans regarder. Ou, en tout cas, sans faire attention aux vélos, parce que personne ne fait jamais attention aux vélos. Don avait heurté l’aile du taxi de plein fouet et s’était réveillé à l’hôpital, incapable de se souvenir de son propre nom."


Quatrième de couverture:

Astrid mène une vie sans histoires entre son job de coursière et la grande maison qu'elle partage à Londres avec plusieurs autres personnes, pour certains des amis de longue date. Jusqu'au jour où, sur son vélo, elle se fait renverser par une voisine. Plus de peur que de mal… sauf que la voisine est retrouvée le lendemain, battue à mort. Puis, c'est le tour d'une cliente chez qui Astrid devait aller chercher un colis, et qu'elle découvre sans vie, sauvagement assassinée. Coïncidence ? La police n'y croit guère. Pour Astrid et ses six colocataires, c'est le début du cauchemar, surtout lorsque le tueur frappe à nouveau, cette fois-ci au cœur du petit cercle d'amis. Mais sont-ils vraiment si proches que ça ? Lentement, l'amitié se transforme en méfiance, l'amour en haine, et chacun se demande : qui sera le prochain sur la liste ?



Éditions Pocket (Thriller) (2010) -  473 pages

mardi 6 novembre 2012

Paix à Ithaque!

Sandor Márái (Hongrie)


Ma lecture:

En fait il est très compliqué de définir ce qu'est ce roman car il s'agit bien d'un roman. Je dirais pour ma part qu'il s'agit ici d'une re-lecture ou plutôt d'une suite de l'Odyssée vu selon trois points de vue bien différents.

En premier, la vision de Pénélope. Ensuite, celle de Télémaque, fils d'Ulysse et de Pénélope pour terminer par le récit de Télégonos, fils d'Ulysse et de Circée, nouvel époux de Pénélope.

Ces 3 récits reprennent et commentent à leur façon les aventures ou mésaventures d'Ulysse. On parle ici de thèmes très actuels comme l'infidélité, les rapports humains, la guerre et ses conséquences, l'amour, la famille...

Malheureusement j'ai sans doute beaucoup trop apprécié l'Odyssée et l'Illiade lus dans ma jeunesse pour entrer complètement dans "Paix à Ithaque"; j'ai même trouvé par moments l'écriture lourde, pompeuse mais peut-être était-ce dû à la traduction française du texte. Par contre, le mélange passé (les personnages, les lieux...) et présent (les thèmes abordés) est finement et très adroitement écrit.

Bref, ce ne fut pas un coup de coeur juste un rappel à mes lectures passées.



Quatrième de couverture:

Avec ce roman paru en 1952, Márai nous transporte parmi les héros d'Homère, au milieu des dieux, des demi-dieux et des nymphes, dans la vie cossue des Phéaciens, dans la simple athmosphère rurale du royaume d'Ulysse. Qui est Ulysse? Telle est la question complexe à laquelle vont s'efforcer de répondre Pénélope, Télémaque et Télégonos. Pénélope évoque avec nostalgie son époux voyageur, amoureux et jaloux, brutal, vindicatif, qui avait pour patrie le changement. Télémaque partira sur les traces de son père pour percer le mystère dont une partie de sa vie est entourée. Puis Télégonos, le fils qu'Ulysse a eu de Circé, se livrera à la même enquête sur le père qu'il ne rencontrera que le jour où s'accomplira l'oracle de Delphes et où il tuera Ulysse à son dernier retour à Ithaque. Télémaque découvrira que son père a été la première créature qui fut, sans conteste, homme, qui eut sans équivoque un comportement humain. calypso lui confiera qu'Ulysse lui refusa d'accéder à l'immortalité: "Il dit qu'il avait décidé et qu'il avait choisi, qu'il préférait rester homme."
Paix à Ithaque! est une grande fresque sur les démêlés des dieux et des hommes, sur les passions humaines, sur l'amour et la jalousie, sur la vie et la mort.
C'est le plus bel hommage qu'un grand écrivain moderne pouvait rendre au génie d'Homère.



Editions Le Livre de Poche (Biblio) - 445 pages

lundi 5 novembre 2012

Le Syndrome [E]

Franck Thilliez (France)


Lu dans le cadre de la seconde édition du Challenge Livra'deux pour Pal'Addict plus communément appellé LDPA 2 organisé génialement par Galleanne et hébergé sur Livr@ddict.



Pour cette édition, fleurdusoleil m'avait choisi du lourd à savoir:

- Mille femmes blanches de Jim Fergus
- Love Medicine de Louise Erdrich
- Le Syndrome [E] de Franck Thilliez

Mon choix s'étant finalement arrêté sur ce dernier, voici ma chronique:

Ma lecture:

Le Syndrome [E] est mon premier roman de Franck Thilliez et je dois bien avouer que je n'ai pas été déçu. L'histoire commence sur les chapeaux de roue avec un passionné de cinéma qui déniche quelques vielles bobines et en visualisant l'une d'elles se retrouve aveugle. Ah oui, j'oubliais il a aussi un cercle blanc en haut de la bobine, ça ne vous fait pas penser à un excellent film d'horreur japonais, vous?

Et oui, moi aussi mais la comparaison s'arrête là! Et bien heureusement d'ailleurs. Pour la suite Franck Thilliez nous embarque dans un thriller époustouflant bourré de rebondissements en tous genres et de plus, excellemment documenté. Il y a énormément de recherches, que ce soit scientifique (les effets des images subliminales par exemple), historiques (les orphelinats) ou techniques (le cinéma depuis ses débuts). Cela ne fait qu'augmenter la puissance de ce roman en ancrant l'histoire dans notre réalité.

Ensuite, il y a les deux personnages principaux bien connus des fans de Thilliez:
- Lucie Hennebelle: jeune inspectrice à Lille, mère de famille célibataire, d'apparence fragile mais très efficace
- Franck Sharko: commissaire balaise, un vrai roc, bourru, ressorti d'un placard, schizophrène

Ces 2 flics ont au début chacun leur enquête mais très vite, elles vont se rejoindre et ils devront apprendre à travailler ensemble ce qui ne sera pas simple.

Le thriller est énorme, abominable par moments, mais sans longueurs. Le seul bémol serait éventuellement la romance qui s'installe peu à peu dans le récit mais pourquoi pas? En tous cas cela ne m'a pas du tout gâché mon plaisir.

Je ne vous dévoilerais rien de plus pour ne pas vous empêcher de découvrir ce roman mais sachez juste que la suite (et pas encore la fin) se passe dans GATACA qui sera sans nul doute l'une de mes prochaines lectures.

Encore un tout grand merci à fleurdusoleil pour ce choix très solide ;)

Le début:

[A]rriver le premier.

Dès qu’il avait été alerté par l’annonce, à l’aube, Ludovic Sénéchal avait pris la route et avalé les deux cents kilomètres qui séparaient la banlieue lilloise de Liège en un temps record.

« Vends collection de films anciens 16 mm, 35 mm, muets et parlants. Tous genres, courts, longs métrages, années trente et au-delà. Plus de 800 bobines, dont 500 films d’espionnage. Faire offre sur place… »
 
Ce genre de publications sur un site Interne généraliste était plutôt rare. D’ordinaire, les propriétaires passaient pas des foires, genre Argenteuil, ou mettaient leurs bobines aux enchères à l’unité sur eBay. Ici, l’annonce ressemblait davantage à celle d’un vieux réfrigérateur à larguer. C’était bon signe.

Quatrième de couverture:

Un film mystérieux et malsain qui rend aveugle…

Voilà de quoi gâcher les vacances de Lucie Henebelle, lieutenant de police à Lille.

Cinq cadavres retrouvés atrocement mutilés… Il n’en fallait pas plus à la Criminelle pour rappeler le commissaire Franck Sharko, en congé forcé.

Deux pistes pour une seule et même affaire qui va réunir Henebelle et Sharko.

Des bidonvilles du Caire aux orphelinats du Canada, les deux nouveaux équipiers vont mettre le doigt sur un mal inconnu, d’une réalité effrayante. Ceux qui ne connaissent pas le syndrome [E], ne savent pas de quoi ils sont capables…



Éditions Pocket - 510 pages